Avec 40 musées, la ville culturelle des épicuriens offre la plus haute densité en musées du pays. Bâle affiche en outre une vieille ville charmante, une architecture moderne et le Rhin, qui incite à la détente.

Birsfelden se situe à la périphérie sud-est de Bâle. Son port compte parmi les Ports rhénans suisses, et toutes sortes d’entreprises industrielles se sont installées dans la zone portuaire: Basler Chemie, des compagnies de navigation, des entreprises de carrosserie et de construction. Ici, au 16 de la Sternenfeldstrasse, on soude, on martèle et on perce. Mais le lieu diffère un peu de ce qui se passe dans le voisinage: il s’agit en effet de l’atelier de Cicolupo, ici naît de l’art.

Cicolupo est né en 2010 de la décision de quatre amis de divers horizons d’unir leurs forces. Ce quartet était composé de Pascal Martinoli, Filip Wolfensberger, Joel Lobsiger Vargas et Manou Clément. Martinoli et Wolfensberger forment aujourd’hui le noyau dur de Cicolupo. Le duo s’est spécialisé dans la ferraille, qui lui sert à confectionner des sculptures fantasques.

La biographie de Jean Tinguely, souvent évoquée par les œuvres de Cicolupo, est étroitement liée à la ville de Bâle. Né en 1925 à Fribourg en Suisse romande, Tinguely a grandi à Bâle avant de partir pour Paris au début des années 1950. Le peintre et sculpteur compte parmi les plus grands artistes suisses et est le principal représentant de l’art cinétique. Tinguely s’est surtout fait connaître pour ses sculptures animées aux allures de machines. Il créait des œuvres à partir de ferraille et de vieux métaux. 

Même au sommet de son art, Tinguely est resté lié à la ville de son enfance. En 1977, il a créé la fontaine Tinguely à Bâle. Là où était jadis la scène de l’ancien théâtre municipal de Bâle, Jean Tinguely a disposé des sculptures mécaniques ludiques et offert un nouvel emblème à Bâle. Même si Martinoli et Wolfensberger sont déjà passés d’innombrables fois devant la fontaine Tinguely, ils aiment s’y poser régulièrement. Les œuvres de Tinguely ne cessent de les fasciner.

Cinq ans après sa mort, un musée a été ouvert à Bâle en l’honneur de l’artiste: avec la plus grande collection d’objets au monde, le Musée Tinguely est l’adresse incontournable pour découvrir la vie et l’œuvre de Jean Tinguely. Érigé par Mario Botta, le bâtiment qui abrite le musée est un chef d’œuvre en lui-même. Dans le parc, face au musée, on peut admirer des œuvres d’art d’artistes contemporains ayant joué un rôle important dans la vie de Tinguely.

Il y a notamment la sculpture Gwendolyn (1966) de Niki de Saint Phalle, mariée avec Jean Tinguely jusqu’à la mort de celui-ci. Ou l’œuvre Dickfigur Beteigeuze (1996) de Bernhard Luginbühl: Jean Tinguely et le sculpteur suisse avaient lié une solide amitié. Luginbühl compte aussi parmi les plus grands modèles de Cicolupo. 

Jean Tinguely est loin d’être le seul artiste à avoir laissé son empreinte dans l’espace public de Bâle. Nombre de ces impressionnantes œuvres d’art ont été fabriquées à partir de matériaux qui fascinent Cicolupo aujourd’hui encore: l’acier, le bronze et le fer.

Voici par exemple une autre œuvre qui se dresse devant l’entrée du théâtre de Bâle, à quelques pas de la fontaine Tinguely: «Intersection» de Richard Serra. Difficile de manquer ces quatre voiles géantes. La sculpture, qui faisait partie à l’origine d’une exposition temporaire en 1992, est devenue plus tard partie intégrante de la Theaterplatz.

Le Kunstmuseum Basel se trouve non loin de la Theaterplatz. Ici aussi, les visiteurs sont accueillis par deux œuvres d’art imposantes dans la cour intérieure. D’une part les «Bourgeois de Calais», une sculpture de bronze hors du commun d’Auguste Rodin. La plastique bâloise est le septième exemplaire (sur douze) réalisé à partir du plâtre original. Ces bourgeois jouxtent une œuvre contemporaine d’Alexander Calder: «Big Spider» est une œuvre en fer de 1959 qui évoque, comme son nom l’indique, une araignée gigantesque.

Près de la gare de Bâle CFF également, une imposante œuvre d’art s’offre en plein air aux regards depuis 2020. Une créature fantastique surveille les portes du Baloise Park. «Drittes Tier», la sculpture de bronze de l’artiste allemand Thomas Schütte, phoque, chien ou bien dragon, souffle de petits nuages de vapeur de temps à autre.

Hase, une autre œuvre de Thomas Schütte, se trouve à la Fondation Beyeler à Riehen, dans les faubourgs de Bâle. Avec le Kunstmuseum Basel et le Musée Tinguely, la Fondation Beyeler fait partie des principaux musées d’art de Suisse.

À proximité immédiate, au cœur du village de Riehen, le lapin de Schütte a un compagnon animal: un colosse de 2,2 tonnes de métal qui a vu le jour dans l’atelier de Cicolupo. Cicolupo a soudé et martelé sa nouvelle œuvre «Bull» des mois durant. Une autre œuvre d’art destinée, elle aussi, à embellir l’espace public de Bâle.