Via Engiadina

Le village de Lavin est situé sur une longue terrasse en pente au bord de l’Inn. Après un incendie, le village fut reconstruit au XIXe siècle dans le style italien. L’église du village, qui a été épargnée par le feu, est beaucoup plus ancienne puisqu’elle a été construite en 1480. Le chœur compte parmi les monuments artistiques les plus connus du canton des Grisons.

La longue montée en direction du Val Lavinuoz commence déjà dans le village. En traversant la voie ferrée et la route principale, on se retrouve bientôt dans une nature sauvage et intacte. Dans la forêt au nord de Lavin, on s’enfonce dans l’étroite vallée en longeant des parois rocheuses abruptes. Des blocs de roche couverts de mousse se trouvent au bord du chemin et la Lavinuoz gronde dans les gorges situées en contrebas. À gauche et à droite, les chaînes de montagnes du Piz Linard et du Piz Chapisun s’élèvent avec force.

En remontant la vallée, on atteint l’Alp d’Immez à 1 949 mètres d’altitude. Sur les pentes d’éboulis, on ne trouve plus que quelques arbres et buissons. Le chemin continue de monter en direction du Piz Chapisun. Puis, au-dessus de la limite forestière supérieure, à une altitude d’environ 2 200 mètres, il redescend vers le sud et quitte à nouveau la vallée.

La longue montée se termine à Funtanivas, point culminant de l’itinéraire, à 2 238 mètres d’altitude. À partir d’ici, la traversée sur le versant abrupt mène hors du Val Lavinuoz en effectuant de constantes montées et descentes et en passant devant de beaux rhododendrons des Alpes. On se trouve maintenant sur le flanc sud du Piz Chapisun, où l’on traverse le couloir d’avalanche de Gonda en passant devant des arbres noueux et des éboulis. En haut, sur l’arête du Chapisun, on aperçoit des mâts de déclenchement d’avalanche.

Plus bas, à flanc de coteau, se trouvent les ruines de Gonda. Le village abandonné datant du XIIe siècle permet aujourd’hui encore de reconstruire la structure d’un village médiéval. Le sentier s’enfonce ensuite à nouveau dans la forêt pour mener à la petite et agréable cabane Chamanna dal Bescher. La vue sur la vallée et les trois mille environnants y est somptueuse et peut être encore une fois pleinement appréciée avant d’entamer la descente raide à travers les forêts de montagne sauvages.

La traversée du torrent La Clozza est suivie d’une courte montée sur le versant opposé de la vallée, puis de la descente vers Guarda. Dans le «plus beau bout du monde» fermé à la circulation, on est frappé par les maisons engadinoises bien entretenues et richement décorées ainsi que par le silence des montagnes. Ce lieu est par ailleurs connu pour être la patrie de Schellen-Ursli. Dans le célèbre livre d’images suisse, le jeune garçon de ferme marche seul dans la neige profonde jusqu’au mayen, où il va chercher une grosse cloche afin de diriger la procession et ainsi chasser les esprits de l’hiver.